La famille Benistand a accueilli Pedro d’Argentine via l’association locale Languedoc-Roussillon. Pedro a été scolarisé au lycée Albert Camus à Nîmes, ville où il a vécu le temps de son année scolaire en immersion en France. Christine et Gilles nous racontent leur expérience en tant que mère et père d’accueil.

 

Comment avez-vous choisi votre accueilli et comment se sont passés les premiers moments de votre expérience d’accueil ?
Nous avons décidé de recevoir un hispanophone car notre fils revenait d’un séjour d’un an aux États-Unis. Cela a évité les conversations en anglais et a permis à Pedro de se sentir d’emblée immergé dans notre langue. Au début de son année passée chez nous, Pedro était un garçon plutôt timide. Il a eu de la peine à exprimer ses questions et ses émotions, en raison de sa retenue et de ses difficultés en français. À son arrivée, il ne savait dire que “merci” et “bonjour”… C’est un bon début, mais ce n’est pas suffisant pour communiquer en toute confiance ! Nous avons donc parlé espagnol les premiers jours, car Pedro parlait mal l’anglais. Et après une semaine, seul le français était autorisé.

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Comment s’est déroulée son intégration ?
Pedro a participé à tous les événements de famille, et nous l’avons tout de suite intégré à l’ensemble de nos conversations, même s’il avait des difficultés de compréhension. Nous avons fait en sorte qu’il se sente inclus à part entière au sein de notre noyau familial. Il s’est peu à peu ouvert et nous a parlé de sa famille, de ses amis et de son mode de vie. Au niveau du lycée, Pedro a été scolarisé en Première S mais il ne s’est pas présenté aux épreuves du bac de français.

Avez-vous quelques anecdotes à propos de la vie quotidienne de votre accueilli en famille ?
Après trois jours, j’ai remarqué qu’il ne prenait pas de petit déjeuner. Il ne savait pas faire chauffer son lait car nous n’avions pas de micro ondes ! Il a alors adapté son petit déjeuner à notre façon de vivre. Je me rappelle qu’il avait été également étonné de voir qu’il pouvait aller au lycée en baskets et habillé en survêtement. Alors qu’en Argentine, il devait porter un uniforme.

Quels ont été vos plus beaux souvenirs ?
Je me souviens particulièrement de Noël, avec tous les cousins. Ils sont douze ! Pedro a participé et tout le monde a apprécié son implication. Aujourd’hui, Pedro manque même aux grands-parents au sein de sa famille d’accueil..! Pedro nous a aussi beaucoup marqué par sa gentillesse, sans oublier les énormes efforts d’adaptation qu’il a dû faire pour acquérir une autonomie.

 

Quelles ont été les principales difficultés auxquelles vous avez été confrontée ?
Au final, les principales difficultés ont été relationnelles, avec notre fils qui rentrait des États-Unis. Ils étaient dans la même classe. Nous pensions bien faire mais tout compte fait cela a été une erreur à ne pas reproduire.

Est-ce que l’accueil a changé quelque chose dans votre vie de famille ? Qu’est-ce que cela vous a apporté personnellement ?
Aujourd’hui, c’est comme si nous avions un cinquième enfant. Pedro a créé des liens forts avec ses frères et ses soeurs d’accueil, et même avec ses grands-parents d’accueil comme je l’évoquais. On peut donc dire que le fait d’avoir accueilli Pedro a impacté l’ensemble de notre famille. De notre côté, nous avons également beaucoup appris au sein de notre famille. Par exemple, nous avons davantage communiqué entre nous pour expliquer les choses, afin d’intégrer au mieux Pedro, pour qu’il se sente confiant, à l’aise et bien dans sa tête. Et cela a modifié positivement les relations que nous avons avec nos propres enfants. D’ailleurs, l’expérience a été tellement positive que nous accueillons à nouveau cette année. Cette fois-ci, nous changeons de continent et de langue maternelle. Car accueillir un lycéen étranger nous permet aussi de voyager de chez nous et de découvrir de nouvelles cultures.