Marie est partie effectuer un programme d’une année scolaire en Bosnie-Herzégovine (2016-2017) via l’association AFS Périgord. Sur place, elle nous raconte son expérience d’immersion culturelle.

À notre arrivée à Sarajevo le 2 septembre. Les autres jeunes viennent d’Italie, de Belgique, d’Allemagne, de Turquie, d’Islande et des États-Unis.

Pourquoi avoir choisi de partir en Bosnie-Herzégovine ?
Au début, mon choix se portait sur l’Australie. Puis je me suis rendue compte que j’avais choisi ce pays car c’était la « destination de rêve » : le pays où tout le monde veut aller. Au final, cela ne me correspondait pas vraiment. J’ai donc cherché une autre destination et lorsque j’ai vu la Bosnie-Herzégovine, je me suis dit : pourquoi pas ? C’est un pays dont on ne parle pas beaucoup. J’avoue qu’il y a deux ans, je n’aurais pas été capable de le placer moi-même sur une carte ! Le fait que l’on ne sache pas grand chose sur ce pays m’a donné envie d’en savoir plus. La langue, le serbo-croate, est un des critères qui m’a attirée également. C’est une langue que l’on pourrait qualifier de “rare”, j’avais donc envie de savoir à quoi cela ressemble. Plus tard, j’aimerais devenir interprète ou traductrice mais je ne sais pas encore vers quelle langue m’orienter. Maintenant, je ne dis pas non plus que ce sera le serbo-croate, mais ça m’a donné quelques idées.

Quelle idée de ce pays avais-tu avant de partir ?
Je n’avais pas vraiment d’idées préconçues sur la Bosnie-Herzégovine. J’imaginais un pays assez montagneux, avec d’importantes différences culturelles par rapport à la France. Avant mon départ, lorsque j’annonçais à mon entourage que je partais en Bosnie-Herzégovine, les premières réactions étaient assez étonnées : « C’est où, ça ? » ou encore « Mais qu’est ce que tu vas faire là-bas ? ». Aujourd’hui, après sept mois passés dans ce pays, je peux affirmer que je ne regrette absolument pas mon choix. Je suis d’ailleurs la première Française à partir en Bosnie-Herzégovine avec AFS et j’en suis très fière !

Quelle idée t’en fais-tu aujourd’hui ?
Je ne m’étais pas trompée sur les différences culturelles car il y a une grande séparation entre les Serbes orthodoxes et les Bosniaques principalement musulmans. Ce qui m’a le plus surpris, c’est la météo, avec des températures qui sont descendues jusqu’à -25°C cet hiver et de la neige de fin octobre jusqu’à mars ! Je ne m’attendais pas du tout à vivre dans un pays avec un climat si froid.

Mes amies et moi à Jahorina, une grande station de ski avec un joli point de vu.

Quelles ont été tes premières difficultés à ton arrivée dans le pays ?
Je dirais la langue et le mal du pays. La langue car je suis dans la République Serbe de Bosnie, or c’est l’alphabet cyrillique qui est utilisé majoritairement. Suivre les cours a donc été compliqué au début. De même que j’étais incapable de lire ce que les professeurs écrivaient au tableau. Même encore aujourd’hui, j’ai du mal à comprendre. C’était également compliqué de parler avec les personnes qui ne parlaient pas anglais, comme mon père d’accueil et mes professeurs par exemple. Ensuite, concernant le mal du pays, nous avions été préparés au choc culturel avant notre départ mais je ne m’attendais pas à une telle intensité. Je me suis sentie mal dès mon arrivée. La première semaine, je n’arrêtais pas de me dire que je n’allais pas y arriver, que ce n’était pas fait pour moi. Je voulais rentrer chez moi. Les trois premiers mois ont été assez difficiles, puis les choses se sont améliorées progressivement.

Comment as-tu surmonté ces difficultés ?
Pour la langue, les choses se sont faites simplement : j’essayais de parler le plus possible même si c’était assez difficile pour moi qui suis de nature plutôt réservée et timide. Le serbe est plus dur que ce que j’imaginais et il m’a bien fallu cinq mois avant que je commence à le comprendre et à pouvoir le parler. Même si j’éprouve toujours des difficultés, je sens que je progresse ! Je ne pense pas être bilingue à mon retour en France mais j’aurai de bonnes bases si je veux approfondir mon apprentissage plus tard. Quant au mal du pays, j’ai dû faire énormément d’efforts pour que ça aille mieux. J’ai d’abord mis temporairement de côté ma vie en France pour me concentrer sur celle que je vivais en Bosnie-Herzégovine. J’ai également limité les conversations avec ma famille et mes amis français, ce qui m’a encouragée à me faire de véritables amis ici, qui m’aident lorsque je ne vais pas bien. Aujourd’hui, tous ces mécanismes mis en place ont si bien fonctionné que j’en suis arrivée à un stade où je n’ai même plus envie de rentrer en France !

Lors d’un week-end AFS à Jajce, ville de Bosnie connue pour ces chutes d’eau.

Quels conseils donnerais-tu à un candidat au départ aujourd’hui ?
Je lui conseillerais de ne pas hésiter, de ne pas avoir peur et de foncer car aujourd’hui, je trouve que c’est l’une des meilleures choses qui puisse arriver à un(e) ado qui a besoin de changer d’air, de voir de nouveaux horizons ou, tout simplement, de vivre une nouvelle expérience.

En quoi le système scolaire que tu as découvert en Bosnie-Herzégovine est-il différent de celui que tu as connu en France ?
Ici, dans mon lycée, les cours commencent à 7h10 et se terminent à 12h10 ou 13h. Chaque cours ne dure que 45 minutes et sont séparés par des pauses de cinq minutes. Les élèves ont beaucoup moins de devoirs et de tests écrits et ont beaucoup plus d’oraux. Pour ce qui est des vacances scolaires, il n’y a pas cours de fin décembre jusqu’à fin janvier et pendant une semaine en avril. L’enseignement est beaucoup plus général pour les élèves. Ils ont autant de maths que de littérature ou d’histoire. Il n’y a pas de filière L, ES ou S comme en France.

Mes camarades de classe et ma prof principale.

 

Comment se passe ton séjour dans ta famille d’accueil ?
Tout est vraiment super ! Je pense que je n’aurais pas pu tomber dans une meilleure famille d’accueil. J’ai deux frères plus âgés et une sœur plus petite. Au début, je n’étais pas très à l’aise car je n’étais pas habituée à une telle vie familiale. Aujourd’hui je me sens beaucoup mieux ! Ma mère d’accueil parle français, ce qui m’aide dans pas mal de situations.

Qu’est-ce que ton expérience t’a apportée personnellement ?
Je pense que cette expérience a complètement changé ma façon de voir les choses. J’ai une plus grande ouverture d’esprit. Je me sens plus autonome et je pense avoir acquis une plus grande maturité. Désormais, j’ai pris l’habitude de me poser quelques instants pour réfléchir avant de juger une personne. J’ai aussi appris à être plus patiente et tolérante. Cela m’a également permis d’améliorer mon niveau en anglais. Je suis partie entre mes années de Première et de Terminale. Je pense que cette expérience aura une influence positive sur mon futur parcours. En l’occurrence, j’ai toujours l’idée de devenir interprète ou traductrice. Mais depuis quelques semaines, je me dis que devenir professeure de français dans un pays étranger m’intéresserait aussi.

As-tu d’autres remarques ?
MERCI AFS !