Accueillir un lycéen étranger est une expérience interculturelle potentiellement dense, qui concerne aussi bien la famille que l’accueilli. L’enrichissement est à double sens, chacun apprend de la culture de l’autre. C’est aussi une expérience personnelle, puisque la rencontre de l’autre invite à réfléchir sur soi. Enfin, c’est une expérience qui peut concerner l’ensemble de la famille, car l’accueil d’un lycéen étranger impacte les liens entre ses membres.
Une famille d’accueil qui ouvre les portes de son “chez-soi” à un lycéen étranger fait le choix de découvrir une nouvelle culture par le biais de l’échange. Au-delà du défi interculturel, ce sont ses propres règles de fonctionnement et sa vie quotidienne que cette famille choisit d’exposer en intégrant un nouveau membre.
S’adapter aux règles familiales en vigueur
Toute vie en communauté nécessite d’établir des règles entre ses membres. La vie de famille ne déroge pas à la règle, et repose sur des codes et des modes de fonctionnement permettant à chacun de trouver sa place et son équilibre.
En arrivant dans leur famille d’accueil, les lycéens AFS vont découvrir ces nouveaux codes et faire l’expérience d’une nécessaire phase d’adaptation. Parfois radicale. La famille d’accueil de Pedro se souvient : “Après trois jours, j’ai vu qu’il ne prenait pas de petit déjeuner. Il ne savait pas faire chauffer son lait car nous n’avions pas de micro-ondes. Il a adapté son petit déjeuner à notre façon de vivre.”
Comme le souligne Elsa Ramos, maître de conférence en sociologie à l’Université Paris-Descartes et spécialiste de l’adolescence, de la famille et de la mobilité : “Quand on arrive dans une famille, il faut faire avec les règles de fonctionnement en vigueur. Il ne peut pas y avoir de négociations et de grignotages des règles comme cela peut être le cas quand on est chez ses parents.” Hygiène, heures des repas ou du réveil, répartition des tâches ménagères, etc. Nombreux sont les sujets sur lesquels il est nécessaire de s’accorder pour une vie commune apaisée.
Mettre des mots sur des habitudes familiales et renforcer des liens
Cette découverte est rarement à sens unique. Pour faciliter l’intégration de ce nouveau membre, chacun va devoir expliquer un mode de vie a priori évident. L’exercice consiste alors à mettre des mots sur ses propres habitudes et ses propres codes souvent implicites et construits naturellement au fil des années. Et à les rendre lisibles pour leur accueilli, lequel va porter un regard neuf et s’interroger sur ce mode de vie. Voire les remettre en question.
La famille Trémeaux, qui a accueilli Zsigmond de Hongrie pendant un an, en témoigne : “Cet accueil a changé quelque chose dans notre vie. Beaucoup de questionnements sur notre façon de vivre, d’accueillir l’autre tel qu’il est ou qu’il n’est pas. Personnellement, cela m’a apporté une grande introspection, notamment sur ma propre capacité d’accueillir celui qui est différent de moi.”
Vivre cette expérience en famille représente donc un enrichissement personnel et familial mais également une opportunité de renforcer des liens, comme en témoigne la famille Graneri qui a accueilli Yume du Japon : “Nous avons ouvert notre famille et nous y avons gagné un respect encore plus important entre nous.”