Jean-Luc Tardy est proviseur du lycée public François-Jean Armorin situé à Crest, dans la Drôme. Cet établissement a signé une charte d’ouverture internationale avec l’association AFS Collines du Rhône en mars 2017. Entretien avec un proviseur pour qui cette ouverture sur l’international amène les lycéens à être plus performants et compétents après leur séjour.

Signature d’une charte d’ouverture internationale entre le Lycée Armorin et AFS Collines du Rhône

Comment avez-vous eu connaissance d’AFS et comment avez-vous été amené à collaborer avec notre association ?
J’ai connu l’association un peu par hasard, puisque la première fois où j’ai entendu parler d’AFS, c’était au lycée de Tournon-sur-Rhône où j’étais proviseur-adjoint. J’y avais rencontré la responsable locale de l’association. Le lycée accueillait des jeunes étrangers dans ce cadre-là, et c’était très positif. Je me souviens notamment d’un jeune Américain qui a pu passer le baccalauréat S dans d’excellentes conditions. Il avait d’ailleurs obtenu une mention “Très Bien” alors qu’en début d’année, il ne maîtrisait pas très bien la langue française. Au regard de l’ensemble des jeunes qui étaient accueillis, je me suis dit : “Voilà quelque chose qui suscite vraiment une ouverture et un développement de compétences personnelles.”

« Lorsque les lycéens français partis à l’étranger reviennent, nous voyons bien qu’ils ont acquis une forme d’autonomie »

 

Selon vous, que peut apporter la présence de jeunes lycéens étrangers dans votre établissement aux lycéens français qui y sont scolarisés ?
D’abord, il y a une forme d’ouverture sur l’international. Lorsqu’un jeune vit dans son milieu ordinaire, commun, local, rural ou urbain, il a quand même des représentations qui sont liées à cet environnement. Le fait que de jeunes étrangers viennent interférer dans leur zone de confort, cela amène des questionnements. Je le constate par exemple chez ceux qui ont cherché à établir des liens de proximité avec ces jeunes étrangers. Et inversement, lorsque les lycéens français partis à l’étranger reviennent, nous voyons bien qu’ils ont acquis une forme d’autonomie. Non seulement ils sont beaucoup plus autonomes, mais ils ont aussi développé des compétences nouvelles en matière d’adaptation. Leur séjour, qu’il concerne un lycéen étranger en France ou un lycéen français à l’étranger, pose des questions de représentations et amène les jeunes à s’adapter aux situations. Ainsi, ils progressent beaucoup plus vite. Ces situations amènent ces jeunes à être beaucoup plus performants et compétents après leur séjour.

Vous avez pu le constater dans votre établissement ?
Oui, vraiment. Il y a une aisance et une adaptation aux situations qui les différencient des jeunes qui sont restés dans leur milieu local et leur environnement habituel. Il y a une rupture dans les représentations, et elle est positive. Je n’ai connu aucun élève qui se déclare déçu de son programme scolaire effectué à l’étranger et qui n’ait pas changé positivement à son retour.

Selon vous, l’amélioration des capacités intellectuelles et d’études sont une conséquence positive d’une expérience de mobilité internationale qui est avant tout une expérience personnelle…
Oui, tout à fait. Accueillis dans des familles, les jeunes sont en immersion culturelle complète. Dans le cadre de programmes de mobilité internationale tels que ceux proposés par AFS, ils font face à une “nécessaire adaptation” qui est souvent bien vécue. Ce sont des jeunes volontaires, prêts à faire les pas et les efforts nécessaires pour s’intégrer. Les familles d’accueil font également ce qu’elles peuvent pour faciliter leur intégration. Je pense que cet aspect individuel d’immersion complète amène également à des ruptures positives : “Je sais m’adapter, je commence à comprendre, il y a une évolution, elle est positive, je l’accompagne.” Ce que je peux constater, c’est que ces compétences ne sont pas si faciles à acquérir. Elles se construisent progressivement, à force de volonté.


« L’avantage de la signature de cette charte, c’est que cela formalise la relation entre notre établissement et l’association AFS »

 

Le 20 mars 2017, vous avez signé une charte d’ouverture internationale avec l’association AFS Collines du Rhône. Selon vous, quels sont les avantages d’une telle charte et en quoi cela améliore-t-il la collaboration déjà en cours avec AFS ?
L’avantage de la signature de cette charte, c’est que cela formalise la relation entre notre établissement et l’association AFS locale. Cela valide ainsi un travail qui était individuel, porté par le chef d’établissement, et le transforme en axe de développement collectif. Depuis la signature de cette charte, les élèves ont pris connaissance de cette possibilité de partir étudier à l’étranger. La signature de cette charte est aussi une façon d’en faire la promotion puisque chacun peut se l’approprier en disant : “Ça existe, j’ignorais ce qu’il en était, désormais si une famille ou un élève m’en parle, je peux l’orienter vers telle ou telle personne, tel email ou tel numéro de téléphone pour répondre à leurs interrogations.” Ce qui est important aussi, c’est que la charte est signée dans l’établissement. Ainsi, les enseignants sont au courants, les élèves ont été informés. Quant à la presse locale, elle a relayé l’information de son côté, ce qui permet de faire connaître ces possibilités de mobilité internationale à un plus large public.

Le fait qu’AFS soit une association agréée par le Ministère de l’Éducation nationale et qu’elle soit reconnue comme “complémentaire de l’enseignement public” est-ce, selon vous, un aspect particulièrement important ?
Je pense que c’est même fondamental ! En ma qualité de proviseur de l’établissement, le fait que l’association soit agréée par mon Ministère, c’est effectivement très rassurant. D’autant plus que j’avais déjà pu tester ce type de collaboration avec AFS auparavant. Quand on met en œuvre une communication autour de ces possibilités de mobilité internationale, le fait de pouvoir indiquer que l’association est agréée rassure aussi les professeurs, les parents et les élèves.